Partant du constat de travail : "L'excès de réalité annihile toute puissance plastique, il faut une part d'abstraction dans une toile figurative."(Jean Rustin).

Je commence une toile sans intention précise car je souhaite que ce soit la peinture elle même qui s'exprime, qui décide ce qu'elle doit représenter, je recherche ainsi une liberté ou la pensée ne précède que très peu l'action (relevant ainsi plus d'une écriture que d'une image). En utilisant, le hasard tel un outils, un long combat s'engage entre peinture soignée et spontanéité, figuration et abstraction, construction et destruction (se tromper toujours et tenter de se rattraper tout le temps) il ne s'agit plus de peindre tel ou tel sujet mais de le faire venir dans le but d'extraire la vie d'un chaos.

Les accidents sont multiples, gardés ou jetés, assumés ou non, la peinture à ce quelque chose d'incertain que je m'attache a dompter.Le premier plaisir de la création étant celui de la surprise, il en résulte des espaces en alarme ou en attente avant l'irrémédiable pour que la peinture se finisse par une question, une énigme.

" Les tableaux sont des navires fous pour les voyages les plus fertiles de l'imagination"

La création jongle toujours entre conscience et inconscience, c'est cette limite qui m'intéresse, ce point de rupture ou tout peut basculer, le sujet, le sens du tableau (haut/bas), recouvrir, regratter,  perdre la toile et la retrouver pour la reperdre…….jusqu'au moment ou l'arbitraire s'évanouit, ou les formes trouvent une place qui leurs semblent prédestinées, tel une "pâte parfaite" ou la main et le regard sont réconciliées, ou la toile a valeur de présence, ou la cacophonie devient polyphonie, écho de sa seule voix.

"Définir sa peinture, c'est la limiter"

(Zao wou-ki)

"Avant de jeter une tache juste il faudrait apprendre à dessiner une main exacte"

(P.Picasso)

"L'important n'est pas ce qui se joue entre le figuratif et le non-figuratif mais entre l'incarné et le non-incarné"

(Nicolas de stael)